Nos galères et nos bonheurs
En cours d’écriture…
Ce récit est encore un brouillon, mais il a pour ambition de retracer notre parcours : nos histoires, nos déconvenues, nos émerveillements — le tout dans un ordre chronologique, ponctué de moments magiques.
Notre projet : revenir dans notre Limousin natal. Ce Limousin qu’on appelle « vert », mais qui l’est de moins en moins, rongé par les effets du réchauffement climatique. Retrouver les bois de notre enfance, marcher, respirer, cueillir des champignons… renouer avec une nature qui nous a tant manquée.
Après plusieurs années passées dans le nord de la France, engagés dans des projets citoyens, nous avons peu à peu ressenti une déconnexion profonde entre nos vies professionnelles et ce que la nature nous inspirait. C’est cette fracture qui nous a poussés à revenir sur notre terre natale, en quête de sens et de cohérence.
En janvier 2018, après des mois à scruter les annonces de propriétés atypiques sur le site Green Acres, je suis tombé sur une perle rare : près de 10 hectares en Corrèze. Dix ans à contempler un mur de briques dans un jardin de 100 m², et voilà qu’un paysage s’ouvre devant moi — perché à 500 mètres d’altitude, avec une vue imprenable sur les monts Dore et ceux du Cantal. Splendide. Sept hectares de bois à l’arrière, un terrain de jeu idéal pour le cueilleur de champignons que j’étais enfant, embarqué par mon père et mes grands-parents pour des virées d’une heure en voiture.
La propriété cochait toutes les cases : une maison principale, un fournil, une grange, un tracteur, des chevaux… le tout dans un hameau non isolé, à proximité d’une ville. J’ai dit à l’agent immobilier de se taire — j’étais déjà conquis. J’ai appelé ma compagne et lui ai dit : “Si on ne choisit pas cet endroit, on fait une grosse connerie.”
Éperdus d’amour pour le lieu, nous avons volontairement fermé les yeux sur l’état des bâtisses : joints à la chaux à refaire, toitures délabrées, électricité et plomberie à reprendre entièrement. Même le fait que l’ancien propriétaire soit parti avec un lit, deux fauteuils et un sac, laissant derrière lui deux cents histoires entre les tables, les machines à coudre Singer, les petites cuillères et même un alambic… ça m’a fait sourire.
En août 2020, il restait encore des recoins que nous n’avions jamais explorés. Récemment, nous avons découvert la cave de la troisième maison, cachée dans la grange.
Mais la réalité nous a vite rattrapés.
On a déchanté.
Il a fallu gérer 500 Tourtel ou panachés périmés, des milliers de bocaux pleins, des serpents dans le fournil, un bouc débarqué un vendredi soir, des souris dans la maison principale, 400 kilos de denrées pourries dans un bidon…
Petit à petit, on a compris que les chevaux s’échappaient régulièrement.
La plomberie ? À refaire entièrement. Une fuite de 250 m³, de simple vanne de machine à laver en guise de robinet…
L’électricité ? Aucun différentiel. Des câbles de terre utilisés pour faire passer une phase. Un tableau secondaire… posé par terre.
Et les toits ? Pourris. Littéralement.
La suite… dans un prochain épisode.